Ecoland

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mardi 17 juin 2008

Aimez-vous les méduses....?


Par Jérôme CARTILLIER AFP - il y a 2 heures 28 minutes

PARIS (AFP) - Etranges animaux gélatineux encore mal connus, les méduses prolifèrent en de nombreux points du globe, notamment en Méditerranée où elles sont de nouveau attendues cet été, témoignant des dérèglements du milieu naturel.
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La surexploitation des mers et le réchauffement climatique font partie des principales raisons avancées pour expliquer ce "boom démographique" des méduses qui "occupent aujourd'hui la place de nombreuses autres espèces", selon les termes de Ricardo Aguilar, directeur de recherche au sein de l'ONG Oceana.

"Les populations de méduses explosent partout. Or, la méduse est un excellent marqueur de l'environnement. Plus elle est présente, plus cela veut dire que le milieu s'est modifié", explique Jacqueline Goy, de l'Institut océanographique de Paris.

Le cas de la Méditerranée, excellent bassin d'étude de cet invertébré devenu la hantise du baigneur, est éloquent.

Les scientifiques sont d'accord: les Pelagia noctiluca, dont les piqûres provoquent des brûlures, s'apprêtent une nouvelle fois à envahir les côtes méditerranéennes.

Si leur présence n'est pas, en soi, extraordinaire, la fréquence de leurs apparitions inquiète.

Une analyse sur deux siècles a permis d'établir qu'elles apparaissaient tous les 12 ans et qu'elles restaient en moyenne 5 ou 6 ans. Or, cette année devrait être la huitième consécutive, ce qui suscite des interrogations.

La surpêche est considérée comme un facteur central de la prolifération de cet animal.

"Lorsque des vertébrés tels que les poissons disparaissent, des invertébrés tels que les méduses apparaissent", résume Ricardo Aguilar.

Une pêche excessive réduit le nombre de prédateurs de la méduse - tortues, requins, thons... - et la raréfaction du poisson lui offre plus de zooplancton pour se nourrir.

Or une fois qu'ils ont pris la place, ces animaux sans cerveau lâchent peu de terrain.

"Les méduses sont en compétition avec le poisson pour le plancton mais aussi des prédateurs directs de ce dernier" (dont elles mangent les oeufs et les larves), explique Andrew Brierley, de l'université de St Andrews, en Ecosse. "Il est par conséquent difficile de voir comment les poissons peuvent reprendre leur place lorsque les méduses se sont installées".

Ce dernier a mis en lumière que la surpêche dans l'Océan Atlantique avait provoqué une véritable explosion du nombre de méduses au large de la Namibie.

Même si son impact est très difficile à mesurer, le réchauffement climatique est également considéré comme un facteur-clé: des températures de l'eau plus élevées allongent la période de reproduction de ces invertébrés.

Mais la méduse, difficile à étudier hors de son milieu, a fait l'objet de peu d'études académiques et reste mystérieuse à de nombreux égards.





"Il n'y a que 20% des espèces (de méduses) dont on connaît le cycle de vie", souligne Mme Goy.

L'étude - essentielle - des migrations, qui dépend des vents et des courants, se heurte à un obstacle de taille : les bancs de méduse sont difficiles à observer par satellite.

En outre, l'absence d'exploitation commerciale, à quelques exceptions près en Asie où certaine espèces se mangent, ne favorise pas les investissements financiers dans ce secteur.

Des experts espèrent que l'impact négatif sur le tourisme poussera les gouvernements à investir dans la recherche sur cet animal étrange dont le comportement est un indicateur précieux sur les changements profonds en cours sur la planète: au fond des mers, mais aussi sur terre et dans le ciel.

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